Le 29 novembre dernier, j’ai eu l’opportunité de participer au colloque sur la cancérologie intégrative organisé par l’association Conscience et Vie. Voici un résumé des éléments que j’ai retenu.
[Plus d’informations sur l’événement ICI].
Cet événement a permis de mettre en lumière plusieurs points important :
- Une vision novatrice de la cancérologie : La présence de cancérologues, neurologues et autres médecins dans les intervenants comme dans la salle a souligné la complémentarité cruciale entre les médecines douces et la médecine allopathique afin de prendre en compte le patient dans sa globalité, bien au-delà d’un simple corps physique à réparer.
- Des preuves scientifiques convaincantes : De nombreuses études présentées ont mis en évidence l’efficacité des médecines intégratives pour atténuer les effets secondaires des traitements et pour améliorer la qualité de vie des patients, même après la fin du traitement. Certaines recherches sont allées plus loin que l’étude sur le bien-être des patients et ont révélé un impact positif sur les chances de survie.
- Un retard en France : Bien que l’intégration des médecines douces dans le parcours de soin soit en plein essor à l’international, notamment en Suisse, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada, la France reste encore hésitante à franchir ce cap au sein de ses hôpitaux. Il revient alors aux patients de s’informer et de prendre en charge ces soins.
> Une vision novatrice de la cancérologie
La médecine allopathique a incontestablement démontré son efficacité dans le traitement des maladies graves. Cependant, elle rencontre des limites lorsqu’il s’agit de prendre en charge le patient dans sa globalité, c’est-à-dire au-delà des symptômes physiques : émotions, stress, angoisses, bien-être général, nutrition, activité physique, état moral…
Durant sa présentation au colloque, le Dr Jean-Philippe Wagner, oncologue, soulignait à ce titre, que la durée moyenne d’une première consultation en cancérologie en France ne dépassait pas 7 minutes. Sept minutes pour annoncer une maladie potentiellement mortelle, pour décider du traitement à adopter, et pour engager une relation avec le patient… Cette situation ne reflète en rien un manque de bienveillance de la part des médecins, mais plutôt un épuisement du système de santé, marqué par un déficit de praticiens et une surcharge de patients.
Il est pourtant établi que les aspects psychologiques et émotionnels jouent un rôle majeur dans le combat contre la maladie. Prendre soin du bien-être global du patient, en complément des traitements médicaux, permet non seulement de mieux supporter les effets secondaires, souvent dévastateurs, mais aussi de favoriser une guérison plus complète, même après des traitements lourds et parfois invalidants. L’impact de l’état mental et émotionnel sur l’évolution de la maladie ne devrait pas être sous-estimé.
Il existe souvent une méfiance envers l’intégration des médecines douces dans les parcours de soins. Par exemple, en ce qui concerne les techniques énergétiques, l’absence de données scientifiques comparables à celles de la médecine conventionnelle rend leur évaluation objective difficile. De plus, leur intégration reste floue, car ces pratiques sont souvent transmises de « personne à personne ».
La situation est similaire pour la phytothérapie, l’acupuncture ou l’aromathérapie : les craintes d’interactions avec les traitements allopathiques sont généralement infondées. Les risques sont minimes, à condition que les praticiens des médecines complémentaires soient bien formés et collaborent étroitement avec le corps médical.
En somme, bien qu’il soit prouvé que ces médecines ont leur place dans le parcours de soin, de nombreux obstacles demeurent pour une intégration pleine et entière.
> Des preuves scientifiques convaincantes
Lors du colloque, le Dr Nicolas Bilbault a abordé une question essentielle : le stress peut-il favoriser le cancer ? En d’autres termes, faut-il vraiment travailler sur la gestion du stress lorsqu’on est atteint de cancer ?
Il a présenté plusieurs études qui démontrent clairement que le stress chronique entraîne une libération excessive de cortisol, une hormone qui peut affaiblir le système immunitaire, notamment en détruisant les cellules chargées de la suppression des cellules cancéreuses.
Parmi les études les plus marquantes, le Dr Bilbault a cité celle du Dr Barbara Andersen, chercheuse au Centre anticancéreux de l’Ohio, qui a révélé des résultats surprenants et significatifs : “Nous savions déjà qu’un programme d’intervention psychologique pouvait aider les femmes à mieux gérer leur stress, améliorer leurs fonctions et leur état de santé. Aujourd’hui, nous découvrons que ces bénéfices vont bien au-delà.” *
Cette étude va bien plus loin que l’amélioration du bien-être des patientes : elle montre que le suivi psychologique visant à gérer le stress pendant le traitement du cancer du sein permet de réduire de 68% les décès, de 50% les récidives, tout en améliorant les habitudes alimentaires, la tolérance au traitement et en diminuant l’anxiété.
Ces résultats suggèrent clairement que la prise en charge du stress, notamment à travers des approches de médecines douces, pourrait améliorer significativement les chances de survie des femmes atteintes de cancer du sein.
> Un retard en France
En France, les hôpitaux ne disposent pas encore de services de médecine intégrative à l’instar d’autres pays, mais des progrès notables sont en cours. Parmi les avancées récentes, on peut citer la création de quatre Diplômes Universitaires (D.U.) de “Coordinateur de soins intégratifs” au CNAM, qui témoignent d’une reconnaissance croissante de l’importance de l’approche intégrative dans le parcours de soins. Par ailleurs, des discussions ont été lancées à l’Assemblée Nationale sur la santé intégrative, particulièrement en lien avec les maladies chroniques, soulignant une prise de conscience politique sur le sujet. En parallèle, plusieurs centres de santé intégrative ont vu le jour en France, souvent en collaboration avec des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), marquant ainsi une véritable évolution vers une approche plus globale et complémentaire du soin.
En conclusion, bien que la médecine allopathique demeure essentielle dans le traitement du cancer, il est de plus en plus évident que l’intégration des médecines douces et de la gestion du stress joue un rôle crucial dans le bien-être global du patient. Les avancées récentes, tant scientifiques que politiques, témoignent d’une prise de conscience croissante en France sur l’importance d’une approche plus intégrative. Toutefois, de nombreux défis restent à surmonter pour une véritable intégration de ces pratiques dans le parcours de soins, afin d’optimiser les chances de guérison et d’améliorer la qualité de vie des patients.
*https://www.a com/freestory/10/184231/la-prise-en-charge-psycho-oncologique-peut-allonger-la-survie-de-femmes-traitees-pour-un-cancer-du-sein